Pépinières : bons plans pour bons plants
COMMENT CHOISIR SON PÉPINIÉRISTE ?
Métier en péril ! Celui des pépiniéristes se fane au fil des saisons. Voici leurs conseils pour trouver l’artisan idéal et renouer avec ces amoureux du vivant.
Pour l’achat d’un arbre, on a en général deux choix. D’un côté, les grandes surfaces et les jardineries, où s’alignent les mêmes espèces, souvent produites sous serre chauffée et/ou à l’autre bout de l’Europe (des troènes, thuyas, cyprès de Leyland pour l’ornement, des variétés classiques et universelles pour les plantes comestibles). De l’autre, les pépiniéristes du coin. Selon le terroir et les goûts de l’artisan en question, on y chinera tout un tas de végétaux étonnants, robustes et adaptés à la région.
Vite vu, dites-vous ? Résumé comme ça, le choix semble déjà fait. Pourtant, les clients délaissent les pépiniéristes en France. La profession est en péril. Selon un rapport de France Agrimer publié en 2017, 4 % des structures ferment chaque année depuis dix ans. Et un quart des pros craignent de devoir cesser leur activité à court terme.
Le pépiniériste Éric Lenoir, auteur du Petit traité du jardin punk, publiait à ce sujet il y a deux ans cet appel à l’aide : Combien de collègues sont, sans que ça se sache, au RSA, au chômage, ou salariés ailleurs ? Pas mal, en réalité. Dans cette profession de passionnés un peu dingues comme dans d’autres, le choix de la démarche intègre et artisanale est souvent synonyme de difficultés intangibles, de vaches maigres et de mal de dos. À nous, jardiniers naturels et amoureux du vivant de soutenir ces artisans par nos achats !
Le renouveau des permaculteurs
Vent frais à l’horizon, les adeptes de la permaculture et du jardin-forêt orientent le métier vers d’autres chemins. Lionel Giorgis, ex-ingénieur, découvre la permaculture au cours d’un stage et fonde la pépinière Sylve et fruit, en Trièves, où il vend depuis cinq ans localement des variétés fruitières adaptées à la montagne et résistantes aux maladies. Olivier Bernard, des Jardins du Prahor dans le Morbihan, a suivi lui un cursus commercial. Aujourd’hui, il produit et multiplie ses végétaux, surtout ornementaux, sans traitement chimique et dans une serre non chauffée. Même élan écologique pour Cécile Troux et Sébastien Tan, à Montauban, qui se consacrent aux plantes destinées à ceux qui cherchent l’autonomie alimentaire, selon un modèle qui ne demande quasiment pas d’énergie et de traitement. Voici leurs conseils pour trouver son pépiniériste.
1. Le bon pépiniériste est souvent celui du coin
Logique, il cultive ses plantes dans un climat et un terroir semblable au vôtre. Ses végétaux ont donc plus de chance de se plaire en emménageant chez vous.
2. Le bon pépiniériste reproduit lui-même ses végétaux
Sébastien Tan explique : Chez un pépiniériste, vous trouverez des jeunes boutures, mais aussi des pieds pour la multiplication, des pieds tout juste greffés, pas seulement des plantes toutes au même stade. C’est précisément la différence entre une jardinerie et une pépinière, qui multiplie sur place la majorité de ses plantes. L’écart est le même qu’entre un dépôt de pain et une boulangerie menée par un artisan.
3. Le bon pépiniériste s’adapte à votre terrain
Avant de vous vendre un arbre, le pépiniériste doit connaître la nature de votre sol, l’exposition de la future plante, le niveau de pluviométrie dans votre parcelle… Ces critères joueront sur le choix des espèces d’arbres mais aussi — s’agissant des arbres fruitiers — dans le choix des espèces de porte-greffes, qui ne supportent pas tous le même type de sol. Surtout, certains permettront une hauteur de 2 mètres de haut à l’âge adulte, d’autres, trois à quatre fois plus. Olivier Bernard confirme : On essaye de prendre le temps avec nos clients, une heure ou une heure et demi pour bien s’adapter et expliquer. On fait notre métier par passion, on ne veut pas que les plantes meurent une fois à la maison.
4. Le bon pépiniériste vous surprendra
Les pépiniéristes opèrent une sélection patiente et progressive de leurs variétés, qui leur permet de proposer à leurs clients des plantes différentes, originales et adaptées à leur milieu. Tout l’art de leur métier tient dans leur capacité à reproduire, multiplier et faire prospérer des végétaux dans un contexte particulier. Certains utilisent dès le départ des plantes locales (pour préserver des variétés et des savoir-faire), d’autres misent sur des variétés plus exotiques, pour que l’on puisse manger des fruits issus de variétés lointaines mais produits dans le coin.
5. Le bon pépiniériste travaille de façon naturelle
Il fuit les serres chauffées, au bilan énergétique désastreux et les produits dont les noms terminent en « -cide ». Des systèmes permettant tout de même d’éviter le gel sont parfois installés, ceux-ci s’enclenchent uniquement quand la température devient négative. L’impact est minime par rapport aux serres chauffées tout au long de l’année qui simulent un climat estival continu.
À vous d’interroger votre pépiniériste, pour comprendre ses méthodes de travail et vous assurer qu’elles correspondent à vos valeurs.